Le Phosphore de M. KrafftOu Liqueur & Terre seiche de sa composition qui iettent continuellement de grands éclats de lumiere.Monsieur Krafft est un curieux, qui travaille en Hollande pour sa fortune & pour sa gloire. Ayant esté depuis peu ÿ Hanovre; il a fait voir, comme l′écrit M. de Leibniz, deux phioles. Dans l′une il y avoit une liqueure qui luit continuellement la nuit à peu prés comme les vers luisnas: & ce qu′ il y a de bien agreable c′est qu′elle produit le même effet hors du verre quand on l′applique sur quelque sujet. Ainsi fr on en frotte le visage, les mains & les habits, tout luit de même, ce qui produit la nuit d′assez beaux effets dans les assemblées. Il y a certe difference que lors que cette liqueur est appliquée á quelque sujet hors de la phiole la lumiere s′evanoüit insensiblement dans peu de temps, & se dissipe comme une fumée, qui laisse une tres-forte odeur de souffre, au lieu qu′étant enfermée dans la phiole elle se conserve pluisieurs années, & en effet on en a déja gardé depuis deux ans. Dans l′autre phiole il y avoit un peu de la même matiere, mais seiche. Celle cy ne luit pas toüjours, mais en recompense elle jette de temps en téps des éclairs forts & brillants. Elle differente des autres Phosphores, en ce qu′elle luit d′elle même sans estre exposée à la lumiere. Il n′y a pas de doute qu′ grand morceau ne peut servir à élairer une chambre entire, mais on dit qu′il est difficile d′en faire un d′une grandeur considerable, parce que la preparation en est difficile à ce que dit M. Krafft. Cela pourroit tenit lieu de la lumiere perpetuelle qui fait jusqu′icy tant de bruit, du moins pur un temps considerable; car on ne sçauroit encore affurer que cette matiere ne se consume point du tour. Un des amis de Mr. Oldenburg luy a envoyé un Phosphore pour presenter à sa M. B. qui a encore cela de particulier qu′on y remarque à travers le verre plusieurs Images du Soleil les unes plus grandes que les aurres. |
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Quelle: Le Journal des Sçavans. 2. Aoust MC LXXVII. | |
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